francesoir.fr Régionales - Nos si chères régions…
En l’espace de seulement six ans, c’est une véritable explosion budgétaire qu’ont connue les régions françaises. Leurs dépenses ont bondi : + 120 % en Limousin, + 100 % en Bourgogne et Languedoc-Roussillon, + 75 % en Pays de la Loire et Aquitaine, avec une forte hausse des impôts à la clé. Leurs effectifs ont été multipliés par trois ou quatre. La seule Ile-de-France comptait 8.215 employés de plus en 2009 qu’en 2004. Gabegie ? L’UMP en a fait le thème central de sa campagne régionale : 20 des 22 régions étant dirigées par la gauche, le parti présidentiel dénonce l’argent jeté par les fenêtres. Un discours relayé par Nicolas Sarkozy, qui ne manque pas une occasion de fustiger la « folie fiscale » des régions. « Si l’autonomie, c’est le droit d’augmenter les impôts et de créer des emplois de fonctionnaires qu’on n’a pas les moyens de financer, je ne suis pas sûr qu’on y gagne ! », a-t-il encore lancé il y a quelques jours.
Et en la matière, il n’existe pas vraiment de différence entre droite et gauche. Toutes les régions ont augmenté leurs impôts depuis 2004. S’il existe bien une exception corse – l’île bénéficie d’un statut particulier et de nombreuses subventions –, l’Alsace, autre région de droite, ne se distingue guère de ses homologues socialistes, même si elle fait partie des plus vertueuses avec une hausse de ses dépenses de seulement 33 %. En revanche, elle a dû s’endetter pour le TGV.
Ce constat n’exclut toutefois pas quelques dérapages (voir ci-dessous). Un quart des dépenses des conseils régionaux, soit tout de même quelque 6 milliards d’euros, s’écartent des
compétences déléguées par l’Etat. Il s’agit pour l’essentiel de dépenses sociales, d’investissements dans le domaine de la recherche ou… de participations au plan de relance de l’économie. Des
libertés que les régions ne pourront sans doute plus s’offrir à l’avenir, avec la suppression annoncée de la « clause de compétence générale » qui les autorisait à intervenir dans
tous les domaines. Avec la réforme de la taxe
professionnelle, elles perdent également, pour l’essentiel, le pouvoir de fixer elles-mêmes le montant des impôts, et donc l’ampleur de leurs ressources.
Haro sur des dépenses surprenantes
Dérapages, abus, gaspillages… La gestion de certaines régions trahit un certain « laisser-aller ». Voici quelques exemples recueillis dans Régions, le grand gaspi, de Robert Colonna d’Istria et Yvan Stefanovitch (éditions du Rocher).
Avec une progression de 291 % en six ans, l’Aquitaine détient le record de progression des dépenses de communication. Elle a prévu d’y consacrer 6,36 millions d’euros en 2010, contre 1,62 million en 2004. Le président (PS) de la région, Alain Rousset, justifie ce bond par un souci de transparence : « Jusque-là, ces dépenses étaient réparties sur plusieurs lignes budgétaires. On a tout regroupé. » Dans le même temps, la région Centre a vu ses dépenses de communication bondir de 140 %, la Bourgogne de 130 % et la Bretagne de 73 %, avec un budget de 7,1 millions d’euros en 2010. Cependant, c’est la riche région Ile-de-France qui reste en tête dans ce domaine, avec 13,9 millions d’euros prévus en 2010.
Vif mécontentement en Picardie à la découverte des sommes considérables allouées au titre des « réceptions ». Simple exemple : 5.976 euros d’achat de cigares en 2005, 3.567 euros en 2007… Sous la pression, le conseil régional a dû abandonner la cave à cigares placée dans la salle à manger de l’hôtel de région et mise à disposition de ses membres et de leurs invités. Au conseil régional, on ne comprend toujours pas où était le problème : « On ne va pas recevoir avec des McDo tout de même ! »
Nouveau look pour le logo de la région Rhône Alpes. La région ne risque pas de l’oublier : 86.000 euros rien que pour sa conception ! Principal changement : plus de trait d’union entre Rhône et Alpes. Une petite révolution qui coûte cher !
Instrument privilégié des conseils régionaux : les subventions. Certaines sont attribuées à des causes surprenantes. En Bourgogne, 4.000 euros ont été débloqués afin de développer les
échanges entre les éleveurs bourguignons et les Touaregs. Une action qui, selon le conseil régional de Bourgogne, reflète « l’esprit de la maison ».